Auteur : Morgan Caine
Editeur : Rokh Editions
Date de parution : 10 août 2015
Nombre de pages : 470 p.
L'homme marchait à petits pas pressés, seul dans la nuit,
bien qu'il ne fût guère plus de vingt-deux heures.
Présentation de
l'éditeur :
Trois hommes sont retrouvés mutilés à Boston. Vivants, mais
proprement émasculés.
Quand la presse révèle qu’il s’agit tous de pédophiles, le public prend fait et
cause pour cet étrange criminel, qu’elle surnomme le Glaive.
Le caractère chirurgical des mutilations intrigue l'inspecteur Redzinski, même
s'il n'est pas particulièrement pressé de serrer le Glaive, qu'il n'est
pas loin de considérer comme un justicier.
Mais quand une petite fille, Abby Harmon, est enlevée, la donne change. Le Glaive
est peut-être la seule piste pour la retrouver…
Flanqué du toujours inénarrable Watson, et avec l'aide de Jordan Adams, ils
vont plonger tous les trois dans les plus terribles méandres de l'âme humaine.
Et Jordan devra affronter de nouveau les démons de son propre passé…
Mon avis :
Quel plaisir de retrouver Red, Watson et surtout Jordan ! (Les critiques de tomes précédents :
ici et
là)
Le livre est à nouveau séparé en différentes parties et ça
me plait car on sait, sans savoir, où l'auteur veut nous emmener et qui va être
concerné, qui va être le personnage principal du chapitre.
On est très vite mis dans le bain. Un mystérieux personnage
joue les justiciers en émasculant des hommes soupçonnés de comportements
illégaux, mais qui est-ce? Cette réponse, qui arrive tard dans le récit après
quelques péripéties et fausses pistes, m'a laissé bouche bée, mais prend tout
son sens.
La problématique du justicier amène toute la question de la
vengeance personnelle et peut poser un problème de conscience : faut-il le
traquer ou faut-il attendre un peu car on ne dispose pas des moyens de
poursuivre légalement ces personnes. En plus, ce justicier ne veut pas tuer ses
victimes, seulement les empêcher de nuire, car il leur laisse un mémo "post-opératoire"
mais également une citation biblique.
Morgan Caine nous amène à nouveau au cœur des pires
perversions humaines avec toutes les douloureuses questions liées au viol et
surtout à la pédophilie et au meurtre/disparition d'enfants et un sujet encore
plus terrible - mais vous en dire plus, diminuerait le suspens. Vous comprendrez toutefois assez vite la raison d'un tel titre !
On commence par faire la connaissance d'Angel qui a été
frappé en plein fouet par un drame qui bouleversera toute la famille. Par son
biais, on rencontre également Meredith Walsh, sa psychologue.
Elle a fait du suivi des victimes et des auteurs son cheval
de bataille en allant jusqu'à organiser des groupes de paroles rassemblant des
personnes des deux groupes, dans le cadre de ce que l'on appelle la
"restorative justice".
L'auteur nous présente par la suite June dont la petite sœur
va être kidnappée, ce qui amènera nos enquêteurs préférés a accélérer leurs
recherches du Glaive.
On rencontre ensuite Rachel, une procureure dépassée qui
parfois se sent impuissante à faire condamner les auteurs. Alors que les victimes
peuvent se décomposer lors de leur témoignage, les auteurs présentent souvent
bien, sont des personnes respectables. Ce qui peut être très frustrant dans le
cadre d'un procès avec un jury populaire. "C'était là aussi que le bât
blessait. Comme toute procédure soumise uniquement au jugement de citoyens, qui
n'étaient pas des juristes professionnels, elle faisait la part belle à
l'émotion, ainsi qu'aux préjugés". Ce qui lui pose de nombreuses questions
comme les suivantes, tragiques "Comment en était-elle arrivée à souhaiter
de telles monstruosités, juste pour obtenir les éléments à charge qui lui
permettraient de jeter une ordure en prison ? Qui pouvait sortir indemne de ce
genre de calculs inhumains et de stratégies tortueuses ? Fallait-il vraiment
devenir un monstre pour penser comme les monstres, et pouvoir les combattre,
pouvoir les devancer?"
Il ne faut pas oublié Jordan qui va à nouveau se retrouver
mêlée à cette enquête et sur laquelle porteront les soupçons peut-être, lorsque
les inspecteurs vont découvrir qu'elle se trouve être la voisine directe d'une
des victimes du Glaive. Jordan montre une fois de plus qu'elle a un cœur énorme
! Elle partage avec nous et nous fait découvrir ses chansons préférées et nous
embarque. Je l'adore ! Son personnage a tellement de facettes et est très bien
développé. C'est toujours un plaisir de la retrouve et un pincement au cœur de
la quitter à la fin du récit.
Tous semblent avoir un mobile et les moyens pour être Le
Glaive. Chacun a vécu un traumatisme dans son enfance qui a conditionné ce
qu'ils sont devenus. Mais est-ce suffisant pour les transformer en justicier ?
Se trouve-t-il parmi eux ?
Nos inspecteurs vont devoir également veiller à ne pas
laisser pousser la vindicte populaire, emmenée par Savannah Twain, journaliste
aux dents (très) longues.
Le récit est mené de main de maître et à aucun moment je
n'ai imaginé qui était derrière le Glaive et le dénouement m'a vraiment
bluffée. Je suis définitivement conquise par le style de Morgan Caine qui
aborde des sujets difficiles et délicats mais parvient à garder une belle
sensibilité et un style autant en douceur que possible. Vivement le prochain !
J'ai lu ce livre dans le cadre d'une lecture commune sur le forum PartageLecture et on a eu la chance de participer ensuite à un chat avec Morgan Caine (et Lisa!). Le compte-rendu se trouve par
ici